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Des tribunes et retours d'expérience rédigés par des experts et des acteurs du changement, pour comprendre les tendances, les politiques publiques et les marchés globaux et locaux.

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04 novembre 2025Par Drissa KONEavec Aïcha Fall

Le chant des consciences : le souffle d’un leadership conscient

En filigrane Le leadership transformationnel s’impose peu à peu comme une voie d’émancipation et de guérison pour les sociétés africaines meurtries par les conflits. En substituant la domination par la conscience, il replace l’humain au cœur de la gouvernance et invite à réconcilier la politique avec l’éthique. Sa force réside dans une intelligence émotionnelle assumée, une écoute sincère et une compréhension profonde des diversités culturelles. Les figures emblématiques, de Nelson Mandela aux médiateurs communautaires d’Afrique de l’Ouest, rappellent que la paix véritable naît de l’humilité et de la transformation intérieure. En chiffres ⇒ Plus de 50 conflits armés sont actifs en Afrique, représentant environ 40 % des conflits mondiaux (CICR, 2025). ⇒ 60 % des citoyens africains estiment que leurs dirigeants ne les écoutent pas (Afrobarometer, 2025). ⇒ 21 jeunes leaders africains ont été formés à Gorée en septembre 2025 dans le cadre du programme AGORA Youth. ⇒ 3 pays africains (Burundi, RDC, Mali) intègrent des approches psycho-spirituelles dans leurs processus de paix, avec l’appui du PNUD. ⇒ 1 forum régional majeur, le Forum de Lomé sur la Gouvernance et la Paix (mars 2025), a placé le leadership transformationnel au cœur des débats sur les transitions post-conflit. En 2025, l’Afrique continue d’interroger la nature du pouvoir et la manière dont il peut devenir une force de cohésion plutôt qu’un instrument de division. C’est le cas notamment lors du Forum de Lomé sur la Gouvernance et la Paix en Afrique de l’Ouest, organisé en mars sous l’égide de la CEDEAO, qui a consacré ses travaux à la place du leadership transformationnel dans les transitions post-conflit. Dr. Drissa KONE, enseignant-chercheur en résolution des conflits et spécialiste des dynamiques de paix, stipule que « le leadership transformationnel repose sur une influence partagée, et non sur le culte du chef. Il ne s’agit plus de dominer, mais d’accompagner la conscience collective vers une maturité politique nouvelle. ». Sa vision conjugue rigueur académique et engagement terrain. Elle redéfinit la figure du dirigeant africain en l’invitant à dépasser la verticalité du pouvoir pour renouer avec une conception plus humaniste, fondée sur la responsabilité, la lucidité intérieure et la co-création sociale. Là où la domination a souvent engendré méfiance et fragmentation, ce leadership cherche à éveiller, fédérer et transformer. Réinventer le pouvoir par le service et la conscience Pendant des décennies, la figure du chef a occupé une place quasi mystique dans l’imaginaire politique africain. Héritée du great man theory, cette conception érigeait le leader en héros solitaire, détenteur d’un charisme quasi providentiel. Mais cette perception, qui a façonné bien des régimes, a aussi favorisé l’abus de pouvoir, la confiscation du débat et la personnalisation de l’État. « Lorsqu’un dirigeant s’identifie à la nation elle-même, il finit par perdre la lucidité nécessaire à l’exercice du pouvoir », observe le consultant en accompagnement psycho-spirituel. Cette dérive conduit souvent à la méfiance, à l’exclusion et, dans les contextes fragiles, à la résurgence des conflits. Le leadership transformationnel s’inscrit à rebours de cette tradition. Il ne repose pas sur la force, mais sur la conscience, sur la capacité d’un dirigeant à inspirer sans dominer. « Le leader transformationnel n’impose pas sa vision, il la partage. Il ne prétend pas détenir la vérité, il en cherche les multiples visages à travers le dialogue », précise le formateur en gestion des conflits. Au Liberia, au Mali et en Sierra Leone, des initiatives de reconstruction sociale incarnent déjà ce changement de paradigme. Les programmes de réintégration communautaire y mettent l’accent sur l’écoute, la coresponsabilité et la réhabilitation symbolique des victimes. En plaçant la conscience collective au centre de la gouvernance, ces démarches esquissent une paix durable fondée sur la compréhension plutôt que sur la contrainte. La rigueur du cœur : les trois fondements d’un leadership conscient Construire la paix exige autant de lucidité stratégique que de sensibilité intérieure. Le spécialiste du développement personnel identifie trois piliers essentiels à ce nouveau mode de gouvernance : la conscience de soi, l’écoute véritable et la compétence culturelle. La conscience de soi consiste à reconnaître et maîtriser ses émotions avant qu’elles ne gouvernent les décisions. « Beaucoup de dirigeants réagissent par peur ou par colère, sans voir que ces émotions traduisent des blessures intérieures non résolues », explique Dr. KONE. Cette introspection libère la parole et désarme les postures autoritaires qui alimentent souvent les tensions politiques. L’écoute, quant à elle, est le cœur battant du leadership transformationnel. Elle ne relève pas d’une simple attitude de courtoisie, mais d’un véritable acte de reconnaissance. « Écouter sans interrompre, c’est accorder à l’autre une place dans le récit collectif. C’est lui dire silencieusement : tu existes », souligne-t’il. Enfin, la compétence culturelle invite à percevoir la diversité non comme une menace, mais comme une richesse. Comprendre les logiques symboliques, religieuses ou coutumières de chaque communauté permet d’élaborer des politiques inclusives et apaisées. Au Ghana, le programme Peace through Understanding illustre cette approche. En formant des jeunes leaders à la médiation interculturelle et à la gestion émotionnelle, il contribue à prévenir les fractures communautaires et à renforcer la confiance entre groupes ethniques. Mandela, ou l’humilité du pouvoir Nul exemple ne résume mieux la portée du leadership transformationnel que celui de Nelson Mandela. Son accession à la présidence aurait pu être le prélude à une revanche historique. Il a pourtant choisi une autre voie, celle de la réconciliation, de la dignité et du pardon. « Mandela a prouvé qu’un leader pouvait être fort sans être dominateur, visionnaire sans être autoritaire », rappelle Drissa KONE. Refusant de substituer un pouvoir à un autre, il a préféré fonder une société sur la reconnaissance mutuelle et la mémoire partagée. Son attitude, empreinte d’une profonde intelligence émotionnelle, a réhabilité l’idée d’un pouvoir qui élève plutôt qu’il n’écrase. La Commission Vérité et Réconciliation qu’il a instaurée a marqué un tournant historique. En favorisant la parole, la confession et la reconnaissance des blessures, elle a permis une catharsis collective sans précédent. Cette démarche, à la fois politique et spirituelle, a montré qu’une paix authentique ne se décrète pas, mais se construit à travers la vérité et la compassion. Aujourd’hui encore, son héritage inspire de nombreux processus de réconciliation, notamment en Côte d’Ivoire, où des initiatives locales adaptent ce modèle à leurs contextes culturels. Nouvelles voix, nouvelles voies : l’écho transformationnel en Afrique de l’Ouest De Dakar à Ouagadougou, de Conakry à Freetown, se multiplient les initiatives qui réinventent la paix à travers des approches hybrides, alliant traditions ancestrales et méthodes psycho-spirituelles. Au Burkina Faso, des cercles de parole communautaires intègrent désormais des médiateurs formés à la psychologie du trauma et à la symbolique culturelle. En Sierra Leone, des programmes de healing dialogues réunissent anciens combattants, femmes victimes de violences et chefs coutumiers autour de rituels de réparation et de danse collective. Dans trois pays africains ; le Burundi, la RDC et le Mali ; le PNUD soutient l’intégration de la santé mentale et de la spiritualité dans les processus de paix, en lien avec les réalités locales. « Les approches psycho-spirituelles rappellent que la paix ne résulte pas seulement de la signature d’un accord, mais d’une transformation intérieure des êtres », souligne l’expert. « Elles réparent ce que la guerre a détruit : la confiance, la dignité, la capacité à aimer. » Toutefois, il reste lucide : « trop de dirigeants africains demeurent prisonniers de logiques de peur et de contrôle. Mais l’éveil des consciences est en marche. Si les jeunes générations parviennent à incarner cette vision, alors l’Afrique deviendra un laboratoire du leadership du XXIᵉ siècle. » En septembre 2025, 21 jeunes leaders africains ont été formés à Gorée dans le cadre du programme AGORA Youth, dédié à l’innovation démocratique et au leadership transformationnel. Cette relève incarne une promesse : celle d’un pouvoir qui écoute, qui relie, et qui transforme sans écraser.  Ce souffle nouveau ne se décrète pas depuis les sommets. Il germe dans les marges, s’incarne dans les voix qui osent la vulnérabilité comme force politique, et trace les contours d’une gouvernance enracinée dans l’humain. Le leadership transformationnel n’est pas une utopie. C’est une pratique exigeante, lente, mais féconde ; un art de la présence, de la parole juste, et de la responsabilité partagée. À l’heure où l’Afrique cherche à se réconcilier avec elle-même, ce modèle offre plus qu’une alternative. Il propose une métamorphose. Non pas celle d’un système, mais celle des consciences qui l’habitent. Car c’est là, dans l’invisible des intentions, que s’amorce la paix durable.

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01 novembre 2025Par Vanessa TCHOUBIAavec Aïcha FALL

Réglementation : un levier de croissance pour le secteur cosmétique africain

En filigrane Avec sa biodiversité exceptionnelle et un marché intérieur en pleine expansion, l’Afrique recèle d’immenses opportunités dans le secteur des cosmétiques, notamment naturels. Du Nigeria au Kenya, en passant par le Maroc, la Côte d’Ivoire ou le Cameroun, la demande croît sous l’effet de l’urbanisation, de la montée d’une classe moyenne et de la valorisation des ingrédients issus des ressources locales. Pourtant, la prédominance du secteur informel et l’absence de cadres réglementaires harmonisés freinent encore la montée en gamme et l’exportation des marques locales. Dans ce contexte, la réglementation n’est pas un obstacle à la croissance. Elle constitue au contraire un levier stratégique de compétitivité, un outil de différenciation et un passeport vers les marchés régionaux et internationaux. Les initiatives de normalisation portées par des institutions telles que l’Organisation africaine de normalisation (ARSO) et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf / AfCFTA) ouvrent la voie à une intégration progressive des standards et certifications sur l’ensemble du continent. En chiffres Le marché africain des cosmétiques est estimé à 3,87 milliards USD en 2024 et pourrait atteindre 7,02 milliards USD d’ici 2033 (Market Data Forecast, 2025). En Afrique subsaharienne, la croissance annuelle moyenne du secteur oscille entre 8 % et 10 %, soutenue par la demande croissante en produits naturels et la montée de marques locales (6Wresearch, 2025). Plusieurs pays ont mis en place des institutions pour encadrer la qualité et la sécurité des produits, à l’image de la NAFDAC (National Agency for Food and Drug Administration and Control) au Nigeria, de l’ANOR (Agence des Normes et de la Qualité) au Cameroun, du KEBS (Kenya Bureau of Standards) au Kenya ou encore la SAHPRA (South African Health Products Regulatory Authority) en Afrique du Sud. Trop souvent perçue comme un fardeau administratif, la réglementation est en réalité un levier stratégique de croissance et de compétitivité, encore largement sous-estimé dans les économies africaines. Dans un secteur cosmétique en pleine expansion, anticiper et comprendre les exigences réglementaires peut faire toute la différence pour bâtir des marques locales solides, assurer la sécurité des consommateurs, gagner leur confiance et accéder aux marchés régionaux et internationaux. Un secteur en plein essor, freinée par les défis structurels Le marché africain des cosmétiques, estimé donc à plus de 7,02 milliards USD d’ici 2033, attire un nombre croissant d’investisseurs, de marques locales et de multinationales. Cependant, sa croissance reste entravée par plusieurs obstacles structurels, notamment la prédominance de l’informel, le morcellement des chaînes de production et de distribution, la faiblesse des infrastructures de contrôle de qualité et un cadre réglementaire encore hétérogène. Dans la plupart des pays africains, une part importante des produits cosmétiques est encore commercialisée sans traçabilité ni certification, exposant les consommateurs à des risques sanitaires. La forte présence de l’informel fragilise également la qualité des produits, souvent mis sur le marché sans contrôle, au détriment de la santé publique. Ce manque de cadre clair décourage de nombreux entrepreneurs ou entreprises, et limite la structuration de la filière, qui pine à valoriser pleinement les ressources et savoir-faire locaux. Face à ces défis, la réglementation apparaît comme un facteur de crédibilité, de sécurité et de compétitivité. Tant que le secteur restera dépourvu de référentiels partagés et de normes appliquées, les marques africaines peineront à franchir le cap de l’industrialisation, à obtenir les certifications indispensables et à accéder aux marchés d’exportation. La réglementation, un passeport stratégique  Loin d’être un frein, la réglementation constitue un véritable passeport stratégique. Elle représente un gage de qualité et de sécurité pour le consommateur, un outil de différenciation et un accélérateur d’accès aux marchés régionaux et internationaux. Une marque conforme aux standards reconnus, rassure, protège la santé du consommateur, sécurise la chaîne d’approvisionnement et ouvre de nouveaux débouchés commerciaux. Cette exigence revêt également un enjeu sanitaire majeur. Dans plusieurs pays africains, le marché reste largement exposé à des produits éclaircissants ou blanchissants contenant des substances interdites telles que l’hydroquinone ou certains corticoïdes. Ces produits, souvent distribués sans contrôle via des circuits informels ou digitaux, présentent des risques dermatologiques et cancérigènes documentés par l’OMS et la Commission européenne. Par ailleurs, la maîtrise des impacts environnementaux liés à la production, aux emballages et à la gestion des déchets est cruciale pour garantir une filière cosmétique durable et responsable. En adoptant des pratiques respectueuses de l’environnement, l’industrie africaine protège non seulement les écosystèmes, mais contribue également à la santé publique tout en renforçant sa compétitivité. Structurer la filière par les normes locales et régionales Plusieurs pays africains ont entamé une structuration progressive de leurs marchés. Au Cameroun, par exemple, le Programme d’évaluation de la conformité avant embarquement (PECAE) impose depuis 2021 un certificat de conformité (CoC) pour les produits importés, garantissant leur conformité aux standards nationaux. Les normes ANOR (NC 804 à NC 816) couvrent l’ensemble du cycle de vie du produit à savoir, la fabrication, la qualité, la sécurité, la conservation, l’étiquetage et la véracité des allégations publicitaires. Dans d’autres pays comme le Kenya ou le Ghana, des initiatives similaires existent souvent inspirées des référentiels internationaux ISO ou CEN. L’appropriation de ces textes permet non seulement de professionnaliser les acteurs, mais aussi d’instaurer une culture partagée de la qualité à l’échelle régionale. L’AfCFTA au service d’une harmonisation continentale L’un des principaux défis du secteur reste la fragmentation réglementaire. Chaque pays applique ses propres normes, procédures et exigences documentaires; ce qui rend le commerce transfrontalier complexe et coûteux. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf / AfCFTA) représente une opportunité importante pour la compétitivité du secteur. En favorisant la suppression des barrières tarifaires et la reconnaissance mutuelle des certifications, elle pose les bases d’un marché cosmétique intégré. L’Organisation africaine de normalisation (ARSO), via son Programme africain d’évaluation de la conformité (ACAP), renforce les infrastructures de qualité et facilite la reconnaissance mutuelle des normes entre États. Dans la Communauté d’Afrique de l’Est, la norme DEAS 334:2023 harmonise déjà les réglementations relatives aux produits cosmétiques, facilitant le commerce intra-régional et garantissant un niveau de sécurité uniforme pour les consommateurs. Ces avancées témoignent d’un mouvement continental vers la convergence réglementaire. À terme, une harmonisation progressive des standards pourrait renforcer la compétitivité africaine face aux marchés internationaux. Former, accompagner, inciter Pour que la réglementation devienne un moteur de croissance, il est essentiel de former les entreprises aux exigences réglementaires, tout en vulgarisant les normes locales et internationales via des plateformes numériques accessibles. Des politiques incitatives tels que les allègements fiscaux pour les marques certifiées, des procédures douanières simplifiées pour les produits conformes ou des labels panafricains de qualité, pourraient accélérer l’adoption des bonnes pratiques. La diaspora africaine peut également jouer un rôle clé, en partageant ses compétences et en accompagnant les entrepreneurs locaux dans leur développement. De l’ambition à l’action Lors du Mboa Paris 2025, premier salon business et socio-culturel de la diaspora camerounaise en Europe, ces enjeux ont été discutés au cours d’un atelier avec des professionnels du secteur :  toxicologues, spécialistes affaires réglementaires, biologistes et entrepreneurs. Ont été mis en lumière : Le rôle central de la réglementation pour l’accès aux marchés locaux et internationaux ; Les défis concrets liés à la certification et à l’exportation ; La nécessité d’accompagner les entrepreneurs dans ces démarches et le rôle clé de la diaspora dans ce processus. Les participants ont exprimé des besoins clairs : un accompagnement renforcé, une meilleure lisibilité du cadre réglementaire et une structuration effective de la filière. Ces attentes traduisent une volonté forte de transformer la réglementation en moteur de croissance et d’innovation. En conclusion, l'avenir du secteur cosmétique africain ne reposera pas uniquement sur la richesse de sa biodiversité. Il dépendra surtout de la capacité à structurer et harmoniser les cadres réglementaires au niveau régional et continental pour favoriser les libres échanges, professionnaliser les acteurs et protéger la santé des consommateurs. La réglementation n’est pas un frein à l’innovation : sa mise en œuvre est une condition essentielle pour garantir la sécurité, la qualité et la compétitivité. Malgré les défis, les entreprises qui placent la conformité, l’éthique et la transparence au cœur de leur stratégie peuvent transformer la réglementation en avantage concurrentiel durable. En respectant les standards locaux et internationaux, elles renforceront leur réputation, gagneront la confiance des consommateurs et contribueront à façonner la prochaine ère de la beauté africaine, où la conformité devient un moteur d’innovation et de croissance. Références Market Data Forecast. (2025). Africa cosmetics market size, share, growth, trends & forecast (2024–2033). Retrieved from https://www.marketdataforecast.com 6Wresearch. (2025). Africa cosmetics market overview, opportunities, and forecast 2024–2030. Retrieved from https://www.6wresearch.com Mordor Intelligence. (2024). Africa cosmetics products market – growth, trends, and forecasts (2024–2030). Retrieved from https://www.mordorintelligence.com Organisation africaine de normalisation (ARSO). (2023). African conformity assessment program (ACAP): Strengthening quality infrastructure in Africa. Nairobi, Kenya: ARSO. Retrieved from https://www.arso-oran.org Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf / AfCFTA). (2024). AfCFTA agreement and implementation framework. Addis Ababa: African Union Commission. Retrieved from https://au-afcfta.org East African Community (EAC). (2023). Draft East African Standard DEAS 334:2023 – Cosmetics — Requirements for labelling and safety. Arusha: EAC Secretariat. Retrieved from https://www.eac.int Agence des Normes et de la Qualité (ANOR). (2021). Normes camerounaises sur les produits cosmétiques (NC 804 à NC 816). Yaoundé, Cameroun: ANOR. Retrieved from https://www.anor.cm Kenya Bureau of Standards (KEBS). (2022). Standards and regulatory framework for cosmetic products in Kenya. Nairobi: KEBS. Retrieved from https://www.kebs.org South African Health Products Regulatory Authority (SAHPRA). (2022). Regulation of cosmetic products and safety requirements in South Africa. Pretoria: SAHPRA. Retrieved from https://www.sahpra.org.za National Agency for Food and Drug Administration and Control (NAFDAC). (2023). Guidelines for registration of cosmetic products in Nigeria. Abuja: NAFDAC. Retrieved from https://www.nafdac.gov.ng Organisation mondiale de la Santé (OMS). (2023). Risks associated with the use of skin lightening products containing hydroquinone and corticosteroids. Geneva: World Health Organization. Retrieved from https://www.who.int Commission européenne. (2024). EU cosmetic products regulation (EC) No 1223/2009 – Prohibited substances and market safety. Brussels: European Commission. Retrieved from https://health.ec.europa.eu Mboa Paris. (2025). Atelier “Réglementation et compétitivité du secteur cosmétique africain” – Programme du Salon Mboa Paris 2025. Paris: Association Mboa Paris. Retrieved from https://www.mboaparis.com

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15 octobre 2025Par Mohamed CISSOUMAavec Aïcha FallSponsorisé par IFEM

Quand la mer se dédouble : les jumeaux numériques à l’assaut des flots

Les jumeaux numériques dans le monde maritime En filigrane Les jumeaux numériques transforment la mer en un espace de données où chaque navire, chaque port, possède désormais son reflet virtuel Leur usage redessine les contours de la navigation, de la maintenance et de la décarbonation, faisant du virtuel un partenaire stratégique du réel En reliant données, intelligence artificielle et simulation, ils offrent un contrôle prédictif inédit, capable d’anticiper les pannes ou d’optimiser les routes maritimes Mais leur puissance repose sur une matière fragile : la fiabilité des informations qui les nourrissent et la solidité des modèles qui les animent Derrière le miroir numérique, subsistent des questions humaines et éthiques : qui gouverne ces doubles digitaux, qui en garantit la sécurité et jusqu’où peut-on déléguer la décision à la machine ? Un jumeau numérique est une représentation virtuelle d'un objet, d'un système ou d'un processus réel. Il est créé en utilisant des données en temps réel ou historiques, des modèles mathématiques et des algorithmes pour simuler le comportement et les caractéristiques de l'objet réel. Le jumeau numérique peut être utilisé dans divers domaines tels que l'industrie manufacturière, l'ingénierie, la santé, les transports, etc. Il permet de surveiller, de prédire et d'optimiser les performances de l'objet réel en fournissant des informations précises et en temps réel sur son état, son fonctionnement et son environnement.                             Les jumeaux numériques offrent trois avantages majeurs : la réduction des coûts, une sécurité améliorée et la reproductibilité. Ils peuvent être utilisés pour prédire des scénarios, mais également servir à former des personnes en toute sécurité. Dans le domaine maritime, les jumeaux numériques ont de multiples cas d'utilisation que nous discuterons tout au long de cet article.  Les jumeaux numériques peuvent être utilisés pour surveiller et gérer différents aspects des navires, des ports et des opérations maritimes. Voici quelques exemples de jumeaux numériques qui évoluent dans le temps et reflètent l'état changeant de leurs homologues physiques dans l'industrie maritime : Surveillance des performances des navires : Les jumeaux numériques des navires collectent des données en temps réel sur des paramètres tels que la vitesse, la consommation de carburant, les performances des moteurs et les conditions environnementales. En comparant les données de performance du jumeau numérique avec le navire physique, les opérateurs peuvent optimiser l'efficacité énergétique, prédire les besoins en maintenance et garantir le respect des réglementations environnementales. Nous vous proposons cet exemple pratique : Un cas de jumeau numérique pour le routage en temps réel des navires prenant en compte la conformité réglementaire en matière de décarbonation.  Dans cet exemple, on utilise la technologie des jumeaux numériques pour faciliter l'évaluation en temps réel de la conformité réglementaire en matière de décarbonation dans le routage des navires. Cette approche se focalise sur la surveillance en temps réel de l'intensité de l’émission du carbone des navires et l'identification de stratégies potentielles pour atténuer les risques opérationnels liés aux objectifs de décarbonation. En exploitant des données environnementales et opérationnelles à jour, l'approche du jumeau numérique améliore la précision de l'estimation de la probabilité qu'un navire spécifique se conforme aux réglementations tout au long de son voyage. Cet exemple offre une approche proactive et axée sur les données pour soutenir les efforts de décarbonation de l'industrie maritime.                                                                                                      Gestion des opérations portuaires : À partir des données du jumeau numérique on peut surveiller les opérations portuaires, y compris le trafic des navires, les mouvements de conteneurs et l'utilisation des postes d'amarrage. À mesure que le port connaît des changements dans les arrivées de navires, les volumes de cargaison ou les améliorations d'infrastructure, le jumeau numérique s'adapte pour refléter les conditions changeantes. Cela permet une optimisation en temps réel des ressources, une allocation efficace des postes d'amarrage et une amélioration de la planification logistique au sein du port. Voici un exemple pratique : Une approche basée sur le jumeau numérique pour optimiser la consommation d'énergie lors des opérations de manutention de conteneurs automatisées. Cette approche propose d'utiliser la technologie des jumeaux numériques pour optimiser la consommation d'énergie d'une grue de gerbage automatique (GGA) impliquée dans les opérations de manutention de conteneurs. L'approche consiste à développer une aire virtuelle de conteneurs qui se synchronise avec l'aire physique de conteneurs dans le système de jumeau numérique dans un terminal à conteneurs automatisés, à des fins d'observation et de validation. Un modèle mathématique est ensuite établi pour minimiser la consommation d'énergie globale nécessaire pour accomplir toutes les tâches.                                                                                                       Les jumeaux numériques basés sur des techniques d'intelligence artificielle. La construction d'un jumeau numérique en utilisant des techniques d'intelligence artificielle (IA) peut être plus appropriée dans les scénarios suivants : Grande complexité : L'IA peut être bénéfique lorsqu'il s'agit de systèmes très complexes qui impliquent de nombreuses interactions et interdépendances. En utilisant l'IA, il devient possible de modéliser et de simuler ces interactions complexes de manière plus précise. Données hétérogènes : Lorsque des données provenant de sources diverses avec des formats, des structures et des résolutions variables sont nécessaires pour construire le jumeau numérique, l'IA peut traiter et intégrer efficacement ces données hétérogènes, on parle alors de modèles multimodaux.  Adaptation dynamique : Si le système réel nécessite une adaptation en temps réel en fonction des conditions environnementales ou opérationnelles changeantes, l'IA permet au jumeau numérique de prendre des décisions de manière autonome et d'ajuster ses paramètres en conséquence. Nous vous proposons cet exemple pratique : Les jumeaux  numériques dans les systèmes de transport intelligents  La gestion du trafic dans les zones urbaines et les zones maritimes à fort trafic reste une préoccupation majeure. Traditionnellement, les centres de contrôle ont été utilisés pour relever ces défis, mais ils nécessitent maintenant une modernisation grâce à l'incorporation de jumeaux numériques et d'intelligence artificielle (IA). La mise en œuvre de systèmes de transport intelligents (ITS) offre une solution aux principaux problèmes rencontrés dans les réseaux de transport tout en facilitant leur développement. En utilisant des jumeaux numériques avec le modèle de notation ArchiMate, nous pouvons optimiser la distribution des flux de trafic dans le réseau dans le temps et l'espace.                                                                                                                                                                                                                  Les Limites des Jumeaux numériques… Les jumeaux numériques ont gagné en attention et en popularité dans diverses industries, offrant la possibilité d'améliorer les capacités de conception, de simulation et d'analyse. Ces répliques virtuelles d'actifs physiques permettent une surveillance en temps réel, une maintenance prédictive et une optimisation des performances. Cependant, comme toute avancée technologique, les jumeaux numériques ont aussi leurs limites, tant en théorie qu'en pratique. Dans cette partie, nous explorerons les inconvénients et les défis potentiels associés aux jumeaux numériques, en mettant en évidence des exemples spécifiques où ces limites ont été observées dans des scénarios réels. En comprenant ces limites, nous pouvons obtenir une perspective complète sur les avantages et les considérations de l'utilisation des jumeaux numériques dans le monde maritime.  Précision et fiabilité des données : L'efficacité des jumeaux numériques dépend fortement de la précision et de la fiabilité des données utilisées pour les créer et les mettre à jour. Des données incomplètes, obsolètes ou inexactes peuvent entraîner des divergences entre le jumeau numérique et le système réel, ce qui a un impact sur la fiabilité des prédictions et des analyses.  Complexité du modèle et hypothèses : L'élaboration d'un jumeau numérique précis nécessite souvent des simplifications et des hypothèses sur le système réel. Toutefois, ces hypothèses ne se vérifient pas toujours dans la pratique, ce qui entraîne des disparités entre les prévisions du jumeau numérique et le comportement réel du système. Exigences informatiques : La mise en œuvre et la maintenance d'un jumeau numérique peuvent nécessiter des ressources informatiques importantes, en particulier pour les systèmes complexes ou les techniques de simulation avancées. Cette exigence pourrait limiter l'évolutivité et l'accessibilité, en particulier dans les environnements où les ressources sont limitées. A cela on peut également ajouter la connectivité des navires en mer, un système satellite est nécessaire pour assurer une bonne fréquence des datas.  Les trois limites susmentionnées peuvent être illustrées par l'exemple ci-dessous :  « l'utilisation de données incomplètes ou mal utilisées peut avoir de graves conséquences. Un exemple concret de cette situation s'est produit lors du crash de deux avions Boeing 737 MAX. Il semble que des jumeaux numériques aient été utilisés pendant le processus de construction pour apporter des modifications à ces avions. Cependant, il est possible qu'une divergence entre les données utilisées dans les simulations et les données réelles ait contribué à ces accidents ». Défis en matière d'intégration : L'intégration de données provenant de sources et de systèmes divers pour créer un jumeau numérique complet peut présenter des difficultés. La diversité des formats de données, des normes et des protocoles entre les systèmes nécessite des processus d'intégration des données complexes et fastidieux. Considérations de coût et de temps : La création et la maintenance d'un jumeau numérique entraînent des coûts importants, notamment pour l'acquisition de données, le déploiement de capteurs, le développement de logiciels et la maintenance continue. En outre, la collecte, le traitement, la modélisation et la validation des données prennent beaucoup de temps. Préoccupations en matière de protection de la vie privée et de sécurité : La saisie et l'analyse de données en temps réel qu'impliquent les jumeaux numériques posent des problèmes de confidentialité et de sécurité. La protection des données sensibles, le respect de la vie privée et la protection contre la cybercriminalité sont autant d'éléments qui doivent être pris en compte dans la conception des jumeaux numériques. Facteurs humains et expertise : Bien que les jumeaux numériques fournissent des informations précieuses, l'interprétation et l'expertise humaines sont essentielles pour tirer des conclusions significatives et prendre des décisions éclairées. L'élément humain est essentiel pour comprendre le contexte, interpréter les résultats et appliquer les connaissances du domaine afin d'exploiter pleinement le potentiel des jumeaux numériques. Il est important de noter que les limites spécifiques peuvent varier en fonction de l'application et de la mise en œuvre des jumeaux numériques. Des difficultés peuvent survenir lors de l'intégration de données provenant de sources disparates, de la gestion de systèmes existants dépourvus d'interfaces normalisées ou de la gestion de grands volumes de données en temps réel. En outre, les problèmes liés à la qualité des données, à la fiabilité des capteurs et à la nécessité d'un étalonnage et d'une maintenance continus peuvent avoir une incidence sur la précision et l'efficacité des jumeaux numériques dans la pratique.  Les jumeaux numériques peuvent permettre aux opérateurs de surveiller et de piloter les navires à distance, d'optimiser les performances, de prévoir les pannes et de prendre des décisions éclairées en temps réel. L'automatisation basée sur les jumeaux numériques offre également la possibilité de réduire la dépendance à l'égard de la main-d'œuvre humaine, d'augmenter l'efficacité opérationnelle et de minimiser les risques d'erreur. Les smart-ships représentent ainsi une nouvelle ère dans l'industrie maritime, ouvrant la porte à des opérations plus smarts, plus sécurisées et plus durables. Références Diego M. Botín-Sanabria,  Adriana-Simona Mihaita,  Rodrigo E. Peimbert-García, Mauricio A. Ramírez-Moreno, Ricardo A. Ramírez-Mendoza,  Jorge De J. Lozoya-Santos (2022).   Digital Twin Technology Challenges and Applications: A Comprehensive Review, Remote sensing, 14(6), 1335. https://doi.org/10.3390/rs14061335 Dimitrios Kaklis , Iraklis Varlamis , George Giannakopoulos , Takis J. Varelas , Constantine D. Spyropoulos. Enabling digital twins in the maritime sector through the lens of AI and industry 4.0 . ELSEVIER B.V. Volume 3, Issue 2, November 2023, 100178. https://doi.org/10.1016/j.jjimei.2023.100178 Michaela Ibrion1, Nicola Paltrinieri and Amir R. Nejad (2019).  On Risk of Digital Twin Implementation in Marine Industry: Learning from Aviation Industry, Conference Series, Volume 1357.  https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1742-6596/1357/1/012009 Mr.  Volker Bertram, DNV, 2023-EMM-402 Safe Shipping – Safety and Technology, World Maritime University.  Qikun Wei , Yan Liu , You Dong , Tianyun Li , Wei Li. A digital twin framework for real-time ship routing considering decarbonization regulatory compliance. ELSEVIER B.V.  Volume 278, 15 June 2023, 114407. https://doi.org/10.1016/j.oceaneng.2023.114407 Rudskoy A, Ilin I, Prokhorov A (2020). Digital Twins in the Intelligent Transport Systems, ELSEVIER B.V. Volume 54, 2021, Pages 927-935. https://doi.org/10.1016/j.trpro.2021.02.152 Yinping G , Daofang C , Chun-Hsien C (2023). A digital twin-based approach for optimizing operation energy consumption at automated container terminals. ELSEVIER B.V, Volume 385, 135782. https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2022.135782

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15 octobre 2025Par Mohamed CISSOUMAavec Aïcha FallSponsorisé par IFEM

Quand la mer s’émancipe des hommes : l’odyssée silencieuse des navires sans équipage

Imaginez-vous dans un navire sans équipage : Navires autonomes / Smartships En filigrane Les navires autonomes symbolisent une nouvelle ère maritime, où la technologie redéfinit les frontières du possible et questionne la place de l’humain en mer L’absence d’équipage pose des défis juridiques et éthiques majeurs, notamment sur la responsabilité en cas d’accident ou de pollution L’automatisation accrue risque de bouleverser le marché du travail maritime, déjà fragilisé par la numérisation et la délocalisation des emplois La sécurité des données et la cybersécurité deviennent des priorités absolues, car un navire sans capitaine reste vulnérable face aux attaques informatiques Derrière la prouesse technologique, c’est la souveraineté maritime qui se joue : qui contrôle, surveille et protège ces flottes invisibles ? On pourrait croire à une fable de science-fiction, et pourtant, ce monde est déjà là. Des coques blanches glissent sur les flots sans capitaine, pilotées par des algorithmes capables d’éviter les tempêtes, d’ajuster leurs trajectoires et d’optimiser chaque mouvement. Ces bâtiments nouvelle génération, appelés navires sans équipage ou smartships, incarnent une prouesse technologique inédite. Conçus pour naviguer sans intervention humaine directe, ils s’appuient sur un réseau de capteurs, de caméras, de logiciels intelligents et de systèmes de communication avancés qui leur permettent de percevoir leur environnement, d’analyser les données marines en temps réel et de prendre des décisions autonomes avec une précision millimétrée. Loin des ports et des phares, la mer devient un territoire numérique où les données remplacent les cartes et où les satellites veillent à la place des marins. Ces navires dits autonomes promettent efficacité, sécurité et réduction des coûts, mais soulèvent aussi des interrogations vertigineuses sur la responsabilité, la sécurité et l’emploi maritime. Que devient le rôle de l’humain lorsque la machine prend la barre ? La question n’est pas seulement technologique, elle est philosophique, sociale et profondément politique. L’avènement de ces navires intelligents marque un tournant dans l’histoire maritime. En combinant intelligence artificielle, automatisation et connectivité globale, ils redéfinissent les contours de la navigation contemporaine. L’industrie y voit une opportunité de réduire les coûts d’exploitation, d’améliorer la sécurité des opérations et de limiter les émissions polluantes. Pourtant, cette transformation ne se déploie pas sans heurts. Elle exige une réécriture complète des codes maritimes et une adaptation des mentalités face à l’idée d’un océan gouverné par des algorithmes. Les lois du large : la réglementation cherche son cap Un des premiers écueils réside dans la réglementation. Le droit maritime international repose encore sur la présence d’un capitaine à bord et sur la responsabilité directe de l’équipage. Or, comment définir la faute ou la responsabilité lorsqu’une décision est prise par un système autonome ? Faut-il considérer le concepteur du logiciel, l’armateur ou l’opérateur à terre ? La mer, espace sans frontières, devient aussi un espace sans précédent juridique. Les tempêtes invisibles : la sécurité à l’épreuve du numérique A l’instar de l’impératif réglementaire, les navires autonomes doivent être équipés de dispositifs de protection sophistiqués pour prévenir les collisions, éviter les dangers naturels et contrer les menaces cybernétiques. Le piratage informatique représente une nouvelle forme de corsairisme où l’ennemi ne brandit plus de sabre, mais un code. À cela s’ajoutent les risques classiques de l’incendie, de la piraterie physique et des opérations de recherche et de sauvetage en mer. La sécurité, qu’elle soit numérique ou humaine, demeure la clé de voûte de cette révolution maritime. Les hommes de la mer face à la machine : réinventer les métiers maritimes La montée en puissance des navires autonomes bouleverse le rôle des marins. Moins nombreux à bord, ils devront acquérir de nouvelles compétences centrées sur la maintenance des systèmes et la supervision des opérations à distance. Le savoir-faire maritime se transforme, passant de la maîtrise du vent et des voiles à celle des algorithmes et des interfaces. La mer reste un espace d’apprentissage, mais les outils du marin du XXIᵉ siècle ne seront plus les mêmes. Le code et la boussole : quand l’intelligence artificielle prend la barre Malgré ces défis, l'industrie maritime est en train de prendre le virage vers les navires autonomes. Des entreprises telles que Rolls-Royce, Kongsberg et Wärtsilä ont déjà lancé des projets de navires autonomes, et les grandes compagnies de transport maritime commencent à investir dans cette technologie.  D’un autre côté certaines sociétés de classification ont établi des notations additionnelles pour les navires. Ces notations permettent d’identifier le degré d’autonomisation du navire pour un système bien précis.  Par exemple chez Bureau Veritas, on définit le degré d’automatisation (table 1) comme étant le degré de décision qui a été transférée de l’homme au système. Ainsi on dira qu’un système est A0 lorsque l’humain prend toutes les décisions et contrôle toutes les fonctions du système,  et d’un autre côté un système est A4 lorsqu’il invoque des fonctions sans en informer l’homme, sauf en cas d’urgence. Le système n’attend pas de confirmation, l’homme n’est informé qu’en cas d’urgence. D’où le navire autonome.  Les navires autonomes fonctionnent sur la base des systèmes smart.  Ces systèmes sont des solutions numériques conçues pour traiter les données des navires et favoriser une exploitation durable, efficace et sûre.  Ces solutions numériques reposent sur deux éléments : a) L'infrastructure de données qui permet de collecter les données, de les rendre accessibles à de multiples consommateurs et de maintenir le contrôle du trafic de données.  b) Un logiciel conçu pour remplir une fonction smart optimisant l'utilisation des systèmes embarqués existants à l'aide d'algorithmes basés sur la physique, les données et des modèles hybrides. Il est temps d’imaginer un futur où les navires sans équipage voguent en harmonie avec l’océan, où la technologie s’allie à la nature pour réduire les coûts et les risques. Dans ce monde nouveau, les marins seront devenus les gardiens du numérique, les lois maritimes auront évolué, et la navigation autonome sera passée du rêve au quotidien. Le navire sans équipage n’est plus un mythe d’ingénieurs, mais une réalité en construction, une promesse de progrès qui oblige à repenser notre rapport à la mer, à la technologie et à l’humain. Sources : Site Web L’unsine Nouvelle : https://www.usinenouvelle.com/editorial/rolls-royce-devoile-un-navire-de-patrouille-autonome.N587298 Site Web de Wärtsilä : https://www.wartsila.com/media/news/16-06-2020-wartsila-comes-onboard-the-mayflower-autonomous-ship-project-2728706 Site Web de Kongsberg : https://www.kongsberg.com/maritime/ship-types/autonomous-ships/ Rapport de l'Organisation maritime internationale (OMI) : https://www.imo.org/fr/MediaCentre/HotTopics/Pages/Autonomous-shipping.aspx Étude universitaire sur les navires autonomes : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1876610217338008 BV NR675 - ADDITIONAL CLASS NOTATION SMART : NR675 Additional class notation SMART | Marine & Offshore (bureauveritas.com) BV NI 641 - GUIDELINES FOR AUTONOMOUS SHIPPING : NI641 Guidelines for autonomous shipping | Marine & Offshore (bureauveritas.com) BV NR 681 - UNMANNED SURFACE VESSELS (USV) : 681-NR_2022-07_3006.pdf (veristar.com)

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12 octobre 2025Par Dr. Brice W. OBIANG OBOUNOUavec Aïcha Fall

Le paradoxe des femmes éduquées : Quand le chômage devient un facteur de crise sanitaire

Quand l’instruction s’éteint face à l’inactivité : Les mères gabonaises entre savoir et survie En filigrane Le Gabon affiche un haut niveau d’alphabétisation féminin mais la santé maternelle reste fragile Le chômage féminin constitue le facteur socioéconomique déterminant pour la santé des mères L’insécurité alimentaire, la précarité économique et la santé mentale sont directement affectées par l’inactivité professionnelle L’État agit comme déterminant structurel en influençant le statut socioéconomique par les politiques d’emploi et de soutien social Des politiques de discrimination positive à l’emploi, particulièrement pour les mères seules, pourraient améliorer la santé maternelle et réduire la pression sur le système de soins En chiffres Taux d’alphabétisation des femmes (15‑24 ans) 92,63 % en 2022 selon la Banque mondiale Taux de chômage féminin 29,41 % en 2021 selon l’Enquête Démographique et de Santé du Gabon (EDSG III) Cas de troubles mentaux recensés : 4 145 en 2022, soit une hausse de 715 cas par rapport à 2020 selon le Centre National de Santé Mentale de Mélen (ces chiffres concernent l’ensemble de la population sans distinction de genre). L’émancipation des filles par l’éducation a connu des progrès spectaculaires à travers le continent africain au cours des deux dernières décennies. Dans de nombreux pays, les disparités de genre se sont estompées, et l'accès à l'instruction primaire et secondaire s'est considérablement élargi. Toutefois, ces avancées ne se matérialisent pas toujours par des bénéfices sanitaires palpables. La santé maternelle demeure intimement corrélée au statut socioéconomique, qui agrège l'éducation, l'emploi et le revenu. Plus spécifiquement en Afrique centrale, l’inertie professionnelle féminine et la vulnérabilité économique grévent l’effet protecteur de l’éducation. Cette dynamique est particulièrement prégnante au Gabon où près de 93 % des jeunes femmes affichent un taux d’alphabétisation selon la Banque mondiale (2022), mais le chômage féminin culmine à 29,41 % d'après l’EDSG III (Enquête Démographique et de Santé du Gabon - troisième édition, réalisée en 2021). Ce décalage compromet les retombées de l’instruction et expose les mères à l’insécurité nutritionnelle, à la précarité économique et à une santé mentale fragilisée. Le Centre National de Santé Mentale de Mélen a répertorié 4 145 cas de troubles mentaux en 2022, soit une augmentation de 715 cas par rapport à 2020, tous âges et sexes confondus. Ce phénomène souligne une susceptibilité croissante, particulièrement chez les femmes en situation de grande précarité. L’interaction de ces facteurs met en évidence que le simple accès à l’éducation ne suffit pas à sanctuariser les femmes, et que des interventions économiques et sociales ciblées sont impératives pour améliorer concrètement la santé maternelle. L’instruction captive dans les chaînes de la précarité Si l’éducation constitue un socle fondamental du développement et de l’autonomie, elle ne protège pas automatiquement la santé des femmes. Au Gabon, de nombreuses mères instruites restent exposées à des conditions de vie précaires. La capacité à lire et à écrire ne suffit pas à réduire les risques sanitaires liés à la maternité ni à assurer un accès régulier aux soins. Les femmes instruites mais sans emploi subissent les effets conjugués de l’insécurité économique et de l’absence de soutien social, ce qui réduit leur résilience face aux aléas de la vie. Le décalage entre niveau d’éducation et santé maternelle illustre que d’autres facteurs, notamment la stabilité financière et la sécurité alimentaire, jouent un rôle crucial et dépassent le cadre de l’instruction scolaire. En outre, l’éducation des femmes améliore certes les connaissances en matière de santé, mais sans emploi ni revenus stables, ces acquis restent théoriques. Les mères ne peuvent pas toujours mettre en pratique les recommandations de prévention ou accéder aux soins nécessaires. L’écart entre instruction et réalité économique crée une forme de vulnérabilité structurelle, où les connaissances et compétences ne suffisent pas à transformer la santé en protection tangible. Le savoir sans le pain : maternité en suspens Le chômage féminin au Gabon agit comme un facteur clé de vulnérabilité. L’absence d’emploi régulier entraîne une précarité économique qui se répercute directement sur la santé des mères et de leurs enfants. Les femmes au chômage subissent une insécurité alimentaire chronique, un stress permanent et une exposition accrue aux troubles psychiques. Bien que les données spécifiques sur la dépression périnatale ne soient pas consolidées à l’échelle nationale, les autorités sanitaires gabonaises alertent sur une augmentation des troubles psychiques chez les femmes en situation de précarité, notamment en période de maternité. Cette situation met en évidence le lien direct entre inactivité professionnelle et santé maternelle. La santé des femmes n’est donc pas seulement une question d’instruction mais également de stabilité économique et de statut social, deux dimensions étroitement liées à l’emploi. La vulnérabilité due au chômage se renforce dans les zones urbaines où le coût de la vie est plus élevé. Même les femmes diplômées et qualifiées peinent à trouver des emplois stables, ce qui les place dans une situation antithétique : instruites mais économiquement dépendantes, elles sont exposées à des risques accrus pendant la maternité. Ce phénomène souligne l’importance de politiques publiques qui allient formation, insertion professionnelle et accompagnement social pour réduire les inégalités sanitaires. L’État gabonais comme levier structurel Les politiques publiques jouent un rôle central dans la structuration du statut socioéconomique et par conséquent de la santé des femmes. L’État influence directement l’accès à l’emploi, aux ressources économiques et aux services de santé, ce qui fait de lui un acteur institutionnel majeur dans la configuration des inégalités sanitaires. Au Gabon, les programmes existants pour soutenir l’emploi des femmes et protéger les mères seules restent fragmentaires et insuffisants pour transformer les acquis éducatifs en bénéfices sanitaires tangibles. Renforcer les dispositifs de soutien aux familles monoparentales, créer des emplois adaptés aux besoins des femmes et garantir un accès facilité aux soins peuvent réduire les inégalités et améliorer durablement la santé maternelle. En parallèle, les politiques fiscales et les dispositifs sociaux conditionnent la capacité des familles à sécuriser leur niveau de vie. Les subventions limitées, les programmes ponctuels et l’accès inégal aux services sociaux font que l’impact des politiques publiques sur la santé maternelle est souvent faible. Un engagement plus systématique et intégré pourrait permettre à l’État de jouer un rôle véritablement protecteur, transformant l’éducation en un levier efficace de santé et de bien-être pour toutes les femmes. Famines silencieuses et cœurs en déficit La précarité économique a des effets directs et profonds sur la santé maternelle. L’insécurité alimentaire entraîne des carences nutritionnelles qui affectent la grossesse et le développement des nourrissons. Le stress chronique et les contraintes financières sont des facteurs associés aux risques de dépression périnatale. Ils inhibent la faculté des mères à chercher et recevoir des soins. Les femmes issues de ménages à faibles revenus hésitent à recourir aux services de santé par crainte des frais directs et des longues attentes. Ces facteurs combinés traduisent un cercle vicieux où la pauvreté alimente la vulnérabilité sanitaire, et où la santé fragile des mères perpétue la précarité des familles. La dimension psychologique est également cruciale. L’incertitude économique et la dépendance financière créent une pression mentale constante, qui affecte non seulement la santé mentale mais aussi la capacité des femmes à prendre des décisions concernant leur santé et celle de leurs enfants. Ce mécanisme renforce les disparités et montre que l’éducation, sans soutien économique et social, ne suffit pas à assurer le bien-être des mères. Repenser les stratégies pour la santé maternelle Pour améliorer durablement la santé maternelle au Gabon, il est essentiel de replacer le chômage féminin au centre des politiques publiques. L’éducation, l’emploi et le soutien social doivent être combinés pour offrir une protection efficace aux mères. Les politiques de discrimination positive, en particulier pour les mères seules et les femmes du secteur informel, peuvent réduire le fardeau économique, améliorer l’accès aux soins et stimuler la participation économique des femmes. Ces mesures permettraient non seulement de renforcer la santé des mères mais également de réduire la pression sur le système de soins et de contribuer au développement économique global du pays. Parallèlement, il est nécessaire de concevoir des programmes intégrés qui relient formation professionnelle, insertion sur le marché du travail et accompagnement psychologique. Une approche multidimensionnelle permettrait d’assurer que les gains en alphabétisation se traduisent concrètement en amélioration de la santé maternelle, en autonomie économique et en résilience sociale. Cette stratégie transforme l’éducation et l’emploi en véritables leviers de protection sanitaire pour les femmes gabonaises. À propos des auteurs : Brice est le fondateur de Biangg Consulting, spécialisé dans la défense des droits des patients et l’équité en santé. Aicha Fall est journaliste économique.

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11 octobre 2025Par Dr. Brice W. OBIANG OBOUNOUavec Aïcha Fall

Gabon, La promesse des 15% oubliée: Quand le sous-financement en santé coûte des vies

15% en façade, la santé en apnée :  le budget gabonais sous perfusion  En filigrane En chiffres « À ce jour, les ressources globales allouées à la santé au Gabon n’ont pas contribué à améliorer les résultats sanitaires » - Brice Wilfried Obiang Obounou, Financement du système de santé et mortalité maternelle au Gabon. Ces mots frappent par leur sobriété et leur lucidité. Ils résument vingt années d’efforts contrariés, de budgets en croissance et d’indicateurs toujours fragiles. Le Gabon, pionnier en Afrique centrale pour la couverture sanitaire universelle, n’a jamais tenu son engagement d’Abuja. 15% du budget national devaient être consacrés à la santé, mais le pays plafonne aujourd’hui à 7,8% selon la loi de finances . Derrière ce chiffre se dessine une contradiction navrante. L’espérance de vie progresse, les infrastructures se modernisent, et pourtant les mères continuent de mourir dans les maternités rurales comme dans les hôpitaux urbains. L’ouvrage de Brice Wilfried Obiang Obounou met en lumière cette fracture entre ambition et réalité, entre symbolique et tangible, révélant le prix humain d’un financement inefficace. Le serment oublié du continent africain En Afrique, les dirigeants se sont réunis à Abuja en 2001 pour s’engager à consacrer 15% de leurs budgets nationaux à la santé. Ce pacte devait transformer le visage de la santé publique et offrir à chaque citoyen un accès effectif aux soins. Quelques pays à faibles revenus comme le Rwanda, le Malawi ou la Gambie ont dépassé cet engagement, montrant que la richesse n’était pas une condition pour investir dans la vie. Mais dans de nombreux pays riches en ressources naturelles, les ambitions se sont heurtées à des priorités divergentes et à la complexité des administrations. Les dépenses du secteur restent souvent insuffisantes et orientées vers le fonctionnement plutôt que vers les populations. Les chiffres révèlent une contradiction profonde. Plus un pays est riche en ressources naturelles, moins il semble investir dans la vie de ses populations. Afrique centrale entre ambitions et réalités L’Afrique centrale a voulu croire à la couverture sanitaire universelle et à ses promesses. Les institutions se sont multipliées, les plans et programmes se sont accumulés, mais la mise en œuvre se heurte à des limites structurelles et financières. Les dépenses administratives absorbent l’essentiel des budgets, et la prévention comme les soins de proximité restent insuffisants. Le Gabon fut longtemps perçu comme un modèle régional grâce à la création de la CNAMGS (Caisse nationale d'assurance maladie et de garantie sociale) en 2008. Ce dispositif devait offrir un accès équitable aux soins. Dans la pratique, il se heurte à des retards de paiement, à l’exclusion du secteur privé et à la complexité bureaucratique. Les populations vulnérables continuent de payer leurs soins, parfois au prix de dettes ou de renoncements. Le Gabon et le paradoxe des progrès inachevés Le budget santé 2025 du Gabon représente 7,8% du budget national, un chiffre qui traduit un décalage entre ambitions et moyens. La majeure partie des fonds est absorbée par l’administration et les charges fixes, laissant les hôpitaux et maternités sous-équipés et les populations vulnérables à la charge de leur propre budget. Malgré les progrès visibles sur l’espérance de vie et la mortalité infantile, la mortalité maternelle atteint 399 décès pour 100 000 naissances vivantes, signalant une crise qui ne se résout ni par l’augmentation du budget ni par la modernisation des infrastructures. Chaque décès raconte une histoire. Une femme qui accouche seule dans un dispensaire, une autre qui doit acheter ses médicaments, une troisième qui traverse plusieurs villages pour rejoindre un hôpital. Ces vies perdues révèlent le décalage entre dépenses et impact réel. Quand la santé devient un luxe La couverture sanitaire universelle n’a pas supprimé les paiements directs. Dans les cliniques privées, 60% des femmes assurées par la CNAMGS avancent encore les frais. Les plus pauvres, souvent en province, doivent faire face à des files interminables et à des ruptures de médicaments. Cette fracture sociale et géographique crée un système à deux vitesses. Les riches accèdent aux soins rapidement et efficacement, les autres renoncent ou subissent des retards aux conséquences souvent fatales. Le chômage féminin élevé, l’insécurité alimentaire et les violences domestiques aggravent cette situation. Les femmes des ménages à faibles revenus hésitent à utiliser les services de santé par peur des frais ou des délais. Ces déterminants sociaux augmentent directement la mortalité maternelle et nourrissent les inégalités. La prévention, un maillon encore fragile La prévention ne représente que 21,62 milliards FCFA, soit 15% du budget santé en 2025. Ce financement reste insuffisant au regard des besoins structurels et sociaux qui pèsent sur la population. Vaccinations, suivi de grossesse, dépistages et programmes nutritionnels sont essentiels pour réduire la mortalité maternelle et infantile. Chaque franc investi dans la prévention pourrait épargner plusieurs vies et réduire les coûts liés aux complications évitables. La priorité donnée au curatif au détriment de la prévention fragilise le système et creuse les disparités entre populations urbaines et rurales. Réapprendre à investir dans la vie Il ne s’agit plus seulement de savoir combien le pays dépense, mais comment il dépense. Il faut réorienter le budget vers la prévention, l’accès équitable aux soins et la réduction des inégalités sociales. La santé doit redevenir un pilier du contrat social et non une variable d’ajustement budgétaire. Les 15% d’Abuja n’étaient pas une statistique mais un engagement humain. Ne pas les atteindre, c’est accepter que la santé reste une question de privilège et que la vie de milliers de mères continue d’être suspendue à la lenteur des budgets. Le Gabon peut encore transformer sa trajectoire, mais cela nécessite une vision claire, un engagement réel et une allocation efficace des ressources pour que les chiffres se traduisent enfin en vies sauvées et en dignité retrouvée. À propos des auteurs : Brice est le fondateur de Biangg Consulting, spécialisé dans la défense des droits des patients et l’équité en santé. Aicha Fall est journaliste économique.

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21 septembre 2025Par Brice NDA

Les défis de l'acquisition patrimoniale face à des ressources financières limitées!

Les Insights clés Le principal frein n'est pas l'argent, mais le savoir : Contrairement aux idées reçues, la barrière numéro un à l'investissement immobilier n'est pas le manque de capital, mais le manque de compétences pour naviguer dans un marché complexe. L'Afrique, laboratoire du financement alternatif : Face à un accès au crédit bancaire limité par le poids du secteur informel, des mécanismes de financement communautaires comme les "tontines" ont évolué. Aujourd'hui digitalisées, elles inspirent une nouvelle génération de solutions PropTech. La Syndication démocratise l'accès : Des modèles comme la syndication immobilière, très structurés aux États-Unis, permettent désormais à des groupes d'investisseurs de s'unir pour acquérir des biens d'envergure (immeubles de bureaux, projets résidentiels), rendant l'investissement à grand impact accessible à un plus grand nombre. L'Investissement passif est la Clé : Pour beaucoup d'investisseurs, la plus grande valeur de ces nouveaux modèles est la possibilité d'investir sans avoir à gérer l'opérationnel au quotidien. C'est l'émergence d'une nouvelle classe d'actifs immobiliers accessibles et diversifiés. Comment investir dans la pierre sans se ruiner (et sans y passer ses nuits) L'investissement dans la "pierre" a toujours été le symbole du patrimoine solide, un refuge de fiabilité dans un monde incertain. Pourtant, pour des millions de personnes à travers le monde, ce rêve semble inaccessible. On pense souvent que le principal obstacle est financier. "Je n'ai pas assez d'argent", se dit-on. Mais la réalité est plus subtile. Le véritable mur n'est pas le capital, c'est la complexité. Aujourd'hui, alors que les marchés sont de plus en plus volatils, une question émerge : comment peut-on démocratiser l'accès à l'investissement immobilier ? La réponse ne vient peut-être pas de Wall Street ou de la City, mais des capitales africaines. Quand la contrainte crée l'innovation En Afrique subsaharienne, où près de 70% des emplois sont dans le secteur informel, l'accès au crédit immobilier traditionnel est un parcours du combattant. Cette contrainte, loin d'être un frein, a forcé l'émergence de solutions alternatives ingénieuses. La plus connue est la tontine, un système d'épargne rotatif communautaire qui permet de financer des projets en contournant le système bancaire. Ce qui était un mécanisme ancestral a aujourd'hui sa version 2.0. Des applications mobiles au Sénégal et en Côte d'Ivoire digitalisent ce processus, créant des "tontines de l'immobilier" qui permettent à des groupes de jeunes professionnels d'acquérir ensemble des terrains ou des appartements. C'est le crowdfunding, mais avec une base culturelle et une confiance communautaire profondément ancrées. De la Tontine à la Syndication : l'émergence d'un modèle global Cette idée de mettre en commun des capitaux pour investir en groupe n'est pas unique à l'Afrique. Aux États-Unis, elle est au cœur d'un modèle très structuré : la syndication immobilière. Le principe est simple : un "Sponsor" (le professionnel qui pilote le projet) identifie une opportunité (un immeuble de bureaux, un complexe résidentiel) et lève des fonds auprès d'un groupe d' "Investisseurs Passifs". Ensemble, ils forment une société pour acquérir et gérer le bien. "Le principal attrait de la syndication immobilière est d'octroyer la possibilité de détenir une propriété que vous ne pourriez pas vous permettre autrement." L'avantage pour l'investisseur passif est immense. Il peut diversifier son portefeuille en détenant une part d'un actif de grande valeur, sans jamais avoir à gérer les locataires ou les travaux. Il investit dans l'immobilier comme il investirait en bourse, tout en bénéficiant d'une connaissance directe du projet via des rapports réguliers. Une nouvelle frontière pour les investisseurs Que ce soit via la digitalisation des tontines en Afrique ou la démocratisation de la syndication immobilière, une nouvelle tendance de fond émerge. L'investissement immobilier n'est plus réservé aux institutionnels ou aux individus fortunés capables de gérer seuls des projets complexes. Grâce à ces modèles collaboratifs et à la technologie, une nouvelle génération d'investisseurs peut désormais accéder à des opportunités à fort potentiel, diversifier son patrimoine, et participer à des projets d'envergure, peu importe où ils se trouvent dans le monde. La révolution de l'investissement immobilier est en marche, et elle est plus inclusive et plus accessible que jamais.

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